Choisir la péridurale et rester actrice de son accouchement c’est possible !
Après avoir consacré un article sur les outils pour un accompagner un accouchement physiologique, je souhaite maintenant proposer une réflexion au sujet de l’accouchement sous péridurale. Le recours à cette analgésie concerne environ 80 % des femmes qui accouchent aujourd’hui en France, et bien que la mobilité leur soit réduite et le contrôle de leur corps altéré, dû à l’effet anesthésiant et à la surveillance médicale plus accrue, il est tout à fait possible et même essentiel de rester de la principale actrice de ce jour hors du commun !
Recourir à l’analgésie péridurale a été mon choix pour mes 2 premiers accouchements. Au cours des deux expériences, j’ai perçu une nette différence, notamment liée à la quantité de produit anesthésiant qui m’a été administrée. Lors de mon premier accouchement j’ai reçu une « dose de cheval », résultat : après avoir apprécié le repos des premiers instants, mon corps est devenu un étranger. Je ne sentais plus rien sous la poitrine et quand la sage-femme m’a dit que « c’était le moment de pousser » je n’en avais absolument pas le ressenti corporel… Sur le plan physique c’est le corps médical qui m’a remplacée (urgence de pousser, difficulté respiratoire pour moi comme pour elle…) vous en conviendrez, pas la situation rêvée même si sur le papier « tout s’est bien terminé »… Au-delà du corps, c’est mon esprit qui s’est déconnecté du moment.
Ma fille a fini seule dans sa lutte pour naître et je suis certaine que cette absence de sensations corporelles a aujourd’hui des conséquences sur la fluidité de notre relation mère-fille.
Pour bébé 2, « riche » de cette première expérience peu satisfaisante, j’ai choisi de me diriger vers une maternité à taille humaine, où les protocoles sont plus centrés sur le respect de la physiologie. J’ai bénéficié d’une analgésie péridurale micro-dosée : elle permet de supprimer la douleur tout en gardant les sensations liées à l’accouchement ! J’ai pu m’asseoir, accoucher sur le côté, et j’ai senti le passage de mon bébé dans mon bassin… J’ai su quand et comment pousser et c’était beaucoup plus fluide et facile !
Le déchaînement de conséquences médicales a été moins important : pas d’épisiotomie, un baby-blues moins carabiné, et surtout une plus grande confiance en moi et en mon bébé.
Bon, je me garderai de faire de mon cas une généralité ; chaque expérience est unique mais cela reflète bien mon propos : même avec péridurale on peut rester actrice de notre accouchement ! Oui oui oui, mais comment ?
1 – s’informer et comprendre comment fonctionne l’analgésie péridurale
Ce n’est pas parce que 4 femmes sur 5 ont recours à l’analgésie péridurale qu’il faut y aller les yeux fermés : ce n’est pas un acte anodin bien qu’il soit courant.
Reprenons les bases : lorsque votre col utérin est assez dilaté, si vous le souhaitez/pouvez, un médecin anesthésiste vous introduit un produit analgésiant au niveau de l’espace péridural (en bas du dos), qui entoure la moelle épinière. Un fin cathéter est maintenu et permet de réinjecter le produit analgésiant lorsque vous en ressentez à nouveau le besoin. Le terme « anesthésie » est souvent employé, à tort, car la péridurale est sensée supprimer le message douloureux et non les sensations.
Il s’agit d’une intervention médicale qui présente ses avantages et ses inconvénients. Le bénéfice principal est de supprimer la sensation douloureuse, mais l’analgésie péridurale risque d’entraîner une cascade d’interventions, avec le risque de se sentir en dehors de son accouchement.
Profitez d’un rendez-vous avec votre sage-femme, votre accompagnante périnatale ou avec l’anesthésiste au 8e mois de grossesse pour poser toutes les questions qui vous passent par la tête. Lisez bien les documents qui vous sont remis par la maternité.
2 – sOrtir de la culpabilité
Nous sommes dans une ère paradoxale où le développement technique est à son apogée, mais parallèlement l’intérêt des femmes se porte de plus en plus vers une vie authentique. À cela s’ajoute l’omnipotence des réseaux sociaux, où des inconnus se permettent des jugements de toute part et sur tous les choix concernant la maternité.
Il est des situations où la péridurale sera le meilleur choix, par exemple pour une femme en souffrance psychologique face à la douleur ou à l’enfantement. Son recours peut aussi être indispensable selon le passif médical. A contrario, un projet de recours à la péridurale peut être compromis (en cas de fièvre, si l’anesthésiste n’est pas disponible, si le travail est trop avancé…) donc préparons-nous aux deux possibilités sans se flageller d’un côté ou de l’autre !
C’est aussi valable si vous avez changé d’avis en cours de route. Imprimez cette phrase dans votre tête et votre cœur :
« J’ai fait ce que j’ai pu à cet instant, la vie a décidé du reste ».
3 – Tout n’est pas tout noir ou tout blanc
Une naissance physiologique n’est pas toujours synonyme d’expérience transcendante.
Une naissance médicalisée n’est pas forcément synonyme de soumission, passivité ou dépossession.
il existe entre les deux, une large palette de nuances. Autant de nuances que d’expérience. Chacune d’entre elles sera juste, pour la femme qui la vit et uniquement pour elle, dès lors où elle est éclairée et respectée dans ses choix !
4- Malgré l’analgésie et la médicalisation, comment rester connectée au moment présent ?
Dans votre corps :
Discutez en amont avec l’équipe de la maternité de la possibilité, si vous le souhaitez, de recourir à une péridurale micro-dosée pour pouvoir s’asseoir ou se mettre sur le côté.
Demandez à la personne qui vous accompagne de mobiliser vos jambes, par exemple en pliant les genoux sur les côtés et en vous faisant faire de battement d’aile de papillon.
Votre conjoint ou votre accompagnante peut aussi vous masser au niveau de la zone immobilisée de votre corps : les cuisses les jambes les fesses…
Dans un registre plus intime, je vous invite à stimuler vos mamelons : caresser vos zones érogènes vous permettra de sécréter une ocytocine naturelle. Malgré la présence d’une injection d’ocytocine de synthèse quasiment systématique en cas de recours à la péridurale (cela permet de maintenir l’activité utérine), tout ce qui favorise en parallèle la sécrétion de votre propre hormone naturelle enverra un message de pouvoir à votre corps et à votre bébé !
Enfin, résistez à la tentation de rester en sommeil après avoir bénéficié de l’analgésie, malgré le soulagement de la douleur : restez au cœur du moment, qui ne se vit que peu de fois !
Dans votre cœur et dans votre tête :
L’enjeu et de rester en lien avec bébé, qui lui est toujours au cœur de sa mission : naître. Pour cela adressez-lui des pensées, des mots, chantez-lui des chansons, adoptez une respiration consciente et profonde, connectez-vous à lui, envoyez-lui plein d’oxygène et plein d’amour ! Le papa peut aussi participer, bébé reconnaît sa voix grave et cela le rassure.
Conservez une atmosphère intime, propice à la sécrétion d’ocytocine, hormone de l’amour et des contractions utérines
Un accouchement qu’il soit naturel ou médicalisé nécessite du calme, de la pénombre, de la chaleur. Si la nature nous demande cette atmosphère de repli, il est important de la préserver au maximum afin de se sentir en sécurité, peu importent les circonstances : bébé et maman en ont besoin pour se rencontrer en toute sérénité.
Il peut être utile d’en discuter au préalable avec le personnel le votre maternité, lors d’un rendez-vous ou en préparant un projet de naissance; en demandant la possibilité de tamiser l’atmosphère, de chuchoter, d’éviter les conversations de tous les jours… Tout ce qui vous fera vous sentir « chez vous » sera le bienvenu !
Quel que soit votre choix, au moment de votre accouchement, de recourir ou non à la péridurale, vous méritez d’être convenablement informée et entourée pour faire de cette expérience l’une des plus mémorables de votre vie, dans le respect de vos décisions ; en vous plaçant toujours au premier rôle ! C’EST VOUS LA REINE DU JOUR !
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