Le plateau technique,
un compromis entre intimité et sécurité
Etant actuellement enceinte de mon troisième enfant, j’ai la chance de pouvoir « expérimenter » ce que j’ai acquis, appris en formation d’accompagnante périnatale. Vous bénéficiez ainsi de mon double point de vue: en tant que professionnelle de la périnatalité et en tant que future/jeune maman ! L’expérience n’est-elle pas la meilleure des écoles, surtout quand il s’agit d’humain ?
Oui car, il s’agit de mon troisième bébé mais je vous assure que l’expérience est toute neuve pour moi. Auparavant, j’ai vécu mes grossesses et mes accouchements sans vraiment avoir conscience de quoi mon corps était capable, car je n’étais tout simplement pas correctement informée. Je pensais que « le médecin savait », je m’en remettais assez exclusivement à mon gynécologue, à la maternité de niveau 3 qui s’occupait de mon suivi, très (trop?) médicalisé, contrôle systématique du col, voyants au rouge au moindre signe de risque… Je vivais à travers des précautions, des traitements, des restrictions… Bien entendu, c’est une chance inouïe de bénéficier de cette médicalisation lorsqu’il y a un réel danger, pour le(s) bébé(s) ou la maman… Mais est-ce utile d’appliquer tous ces protocoles systématiquement ? Bref, j’en étais là, avec ce besoin de me rassurer auprès du corps médical et mes accouchements ont suivi ce chemin : péridurale car « je ne tiendrai jamais », « pourquoi souffrir inutilement? » ; déclenchement de confort pour l’équipe médicale car « y’a personne aujourd’hui, c’est tranquille, on sera plus disponible pour vous »; clampage précoce du cordon ombilical, aspiration des voies respiratoires de mon bébé, pesées-mesurées-évaluées-testées à peine sorties de la chaleur de mon bidou…
Aujourd’hui, mes besoins, mes connaissances, ma conscience ont évolué, et je souhaite aborder la naissance de notre BB3 avec plus de physiologie, de confiance dans ce que Dame Nature sait faire depuis… (quand déjà?) Donc avec mon chéri, qui était tout à fait en accord avec ma volonté (c’est important !) nous nous sommes mis à chercher de quelle manière nous souhaiterions donner naissance à bébé. Ce que je souhaitais avant tout, c’est être accompagnée de quelqu’un qui me respecte dans mes choix, mettrait tout en oeuvre pour me laisser vivre mon enfantement en toute connaissance du processus de la naissance naturelle. Au vu de notre situation géographique, des praticiens disponibles pour nous, du feeling avec ceux/celles rencontrés, nous nous sommes orientés vers le choix d’un accouchement en plateau technique, à la maternité de Redon (35), en accompagnement global auprès d’un binôme de super sage-femmes !
L’accouchement en plateau technique, c’est quoi ?
Compromis entre l’accouchement à domicile et l’accouchement « classique », la future maman accouche dans une maternité en Salle Nature, accompagnée de sa sage-femme libérale, qui a un accord avec la maternité pour intervenir lors de l’accouchement de ses patientes. Celui-ci se déroule sous l’entière responsabilité de la sage-femme libérale, qui le plus souvent, a assuré la totalité du suivi de la femme enceinte. En cas de nécessité médicale, c’est l’équipe de l’hôpital (gynécologue, obstétricien, anesthésiste, sage-femme, pédiatre) qui prend le relais, et la future maman est transférée à proximité immédiate, en salle de naissance médicalisée. On appelle donc « plateau technique » le fait d’accoucher en salle nature d’une maternité, mais accompagnée de la sage-femme libérale qui s’est occupée du suivi médical. Lorsque le suivi s’effectue par la même personne pendant la grossesse, à la naissance et après, l’on parle d’un « accompagnement global ». Cette solution s’adresse aux futures mamans désireuses d’accoucher sans péridurale, sans aide chimique, au plus près de la physiologie; dans l’intimité du cercle maman-papa (ou compagne)- sage-femme.
En pratique…
La préparation à l’accouchement est centrée sur la notion de douleur, l’acquisition d’outils pour la traverser, à la fois pour la femme qui accouche et pour son compagnon; ainsi que d’outils de relaxation, qui invitent à se détendre entre les contractions (le secret pour « réussir le challenge » !) pour notre part, les séances mélangent du yoga, de la sophrologie, des points d’acupressure, des massages (selon la méthode Bonapace) et surtout, une relation tout à fait intime avec la sage-femme : nous sommes peu nombreux-ses lors des séances, la sage-femme passe beaucoup de temps à écouter les parents qu’elle accompagne, à leur donner confiance. Cette notion de proximité est essentielle dans le projet d’un accouchement en plateau technique : la sage-femme connaît le couple, ses désirs, ses peurs, son histoire, le vécu de la grossesse, les préférences… Il ne s’agit pas d’une relation en « one shot » mais d’un lien sur le long terme, dont la naissance est la consécration…
Le jour J, le couple dispose d’une certaine liberté dans le déroulé de l’accouchement : nous pouvons apporter des effets personnels pour se sentir bien, musique, ballons, à manger, à boire, oreillers, plaids, photos…. -la liste est très personnelle et loin d’être exhaustive- (notons que cela est aussi possible en salle de naissance classique, mais dans la mesure où le projet d’accouchement en plateau technique a été discuté et réfléchi en amont avec la sage-femme présente le jour J, c’est d’autant plus « simple »). Le plus souvent, un équipement simple mais rassurant et adéquat est mis à disposition. Dans la maternité qui nous accueillera, il y a un lit confortable 2 places -sans étriers-, des coussins, une baignoire de dilatation, une écharpe suspendue, une douche…
Sur le plan médical, la sage-femme me posera un cathéter fermé (sans tubulure) en cas de besoin de perfusion. Aucunement contraignant pour la mobilité donc ! Ma tension, mes contractions et le rythme cardiaque de bébé seront évalués régulièrement, mais pas en continu dans la mesure où la naissance se déroule bien.
plateau technique vs accouchement à domicile
Précision importante : si la femme change d’avis, elle a la possibilité de demander une péridurale et d’être transférée en salle de naissance classique. C’est ce qui selon moi marque une grande différence avec l’accouchement à domicile; le challenge envers soi-même est moins radical… Tout dépend de l’histoire et des objectifs de chaque couple, chaque femme.
L’autre différence est pour moi l’ambiance du lieu. Certaines femmes auront besoin de leur environnement familier, familial, intime, pour se sentir en sécurité et ainsi laisser les contractions faire leur travail de dilatation du col. Les repères sont les mêmes que dans le quotidien. En plateau technique, nous sommes quand même dans un hôpital, avec des odeurs, de la décoration (si déco il y a !) différents de la maison. Il faut aussi prévoir et anticiper le trajet en voiture, ainsi que la garde des éventuels aînés.
Il y a aussi la question du séjour en maternité : lors d’un accouchement à domicile, la famille ne se rend à l’hôpital qu’en cas de nécessité, alors que lors d’un projet d’accouchement en plateau technique, bien souvent la dyade maman-bébé est invitée à séjourner un peu à la maternité (ici 48H), ce qui me convient aussi car les protocoles de la maternité sont pensés pour le plus grand respect de la mère, du père et de l’enfant, cela me permettra de rompre avec mon quotidien domestique (je n’aurai plus un œil sur mon linge en retard, mon sol sale, ma vaisselle dans l’évier… moi qui ai du mal à lâcher prise, c’est mieux !) mon conjoint a la possibilité de rester dormir avec nous; le petit-déjeuner se fait en libre-service pour éviter de réveiller une jeune maman qui aurait éventuellement passé une nuit difficile; et surtout… les auxiliaires de puériculture sont formées à la Thalasso Bain Bébé et se font un plaisir de nous faire bénéficier de ce soin !
Qu’il s’agisse d’un choix pour d’un compromis pour une naissance naturelle, ces paramètres sont à prendre en compte et à réfléchir en amont.
Plateau technique : des restrictions
La possibilité d’enfanter en plateau technique s’adresse, comme tout projet de naissance naturelle, à un profil de future maman sélectionné avec attention. Bien que les protocoles diffèrent d’une maternité et d’une sage-femme à l’autre (les deux travaillent en accord et en confiance), des contre-indications à l’accouchement en plateau technique existent. Une femme présentant une pathologie telle que du diabète, des saignements anormaux, un placenta prævia; un bébé ayant un retard de croissance in utero, une présentation en siège ou toute autre position compromettant le déroulé de la naissance; une prématurité (avant 37 semaines d’aménorrhée) ou au contraire une naissance après terme; une grossesse gémellaire… La liste n’est pas exhaustive et doit être discutée avec le personnel.
Quel cadre, quel coût ?
Dans notre démarche, nous avons signé un contrat avec nos deux sage-femmes. Il stipule les prérequis, les restrictions sus-mentionnées, le déroulement, les astreintes, les cas de transfert en salle de naissance classique, le coût de l’accompagnement global.
Comptez en moyenne 500 € à votre charge (je m’appuie sur des devis effectués pour une naissance à domicile ou en plateau technique, dans ma région, mais il existe certainement un écart avec d’autres lieux et d’autres praticiens, n’en soyez pas étonné(e)s) et cela s’explique notamment par le paiement des astreintes pendant le 9ème mois. Alors qu’une sage-femme hospitalière a un planning connu à l’avance, une sage-femme qui accompagne les naissances en plateau technique est sur le qui-vive, et doit s’organiser rapidement pour la garde de ses aînés, la gestion de son quotidien… jour et nuit !
Vous rémunérez aussi votre sage-femme pour sa présence à votre accouchement, qu’il dure 1 heure ou 3 jours ! Renseignez-vous auprès de votre mutuelle, certaines couvrent les frais supplémentaires liés à l’accouchement
Le critère le plus important pour les sage-femmes qui nous accompagnent pour notre projet, est celui de la confiance. Il est fondamental que chacun soit dans une démarche de respect et que le couple soit transparent avec la ou les sage-femmes (antécédents, peurs…) afin que le processus soit fluide et confortable. Je pense par exemple à un cas de transfert pour raison médicale : je sais que si ma sage-femme me dit que j’ai besoin du gynécologue pour mettre au monde mon bébé, je la croirai sans aucun doute car je la sais fiable !
Je reviendrai sans doute vous raconter notre vécu de la naissance en plateau technique d’ici quelques semaines; pour le moment je mets tout en oeuvre pour avoir un maximum de chances pour que notre projet se réalise ! Et, consciente qu’il y a une part de l’histoire que je ne contrôle pas, je reste souple et ouverte à la possibilité que le processus se déroule autrement…
Si vous avez des questions, des commentaires, contactez-moi, je serai ravie d’échanger avec vous (ou de vous rediriger si je ne sais pas répondre 🙂 )
Crédit photo : la voix du nord
Bonjour ,
Je suis Responsable juridique dans un centre hospitalier en Dordogne. Les sages femmes libérales souhaitent avoir accès au plateau technique. Nous avons donc préparé une convention en laissant leur statut de liberal. Elles ne sont pas d accord par rapport par rapport au fait qu en terme d’assurance cela va leur coûter trop cher. Elles demandent à passer en CDD par rapport à l’accès au plateau technique. Étant donné qu Elles n y auront accès que pour certains accouchements , cela signifie qu elles auront donc 2 statuts : liberal et salarié. Cela nous semble compliqué à mettre en place. Sous quel statut à été fait votre convention ?
Merci par avance.
Bien cordialement.
Bonjour ,
Je suis Responsable juridique dans un centre hospitalier . Les sages femmes libérales souhaitent avoir accès au plateau technique. Nous avons donc préparé une convention en laissant leur statut de liberal. Elles ne sont pas d accord par rapport par rapport au fait qu en terme d’assurance cela va leur coûter trop cher. Elles demandent à passer en CDD par rapport à l’accès au plateau technique. Étant donné qu Elles n y auront accès que pour certains accouchements , cela signifie qu elles auront donc 2 statuts : liberal et salarié. Cela nous semble compliqué à mettre en place. Sous quel statut à été fait votre convention ?
Merci par avance.
Bien cordialement.