Être parents, ici et maintenant : l’illusion du choix

Naître ou donner la vie, en Occident, aujourd’hui : j’ai longtemps pensé que c’était une chance incroyable. Que c’était merveilleux. Et comment : nous avons TOUT ! Gynécologues et maternités de pointe, un taux élevé d’interventions médicales lors des accouchements, ce qui pour moi témoignait d’une prise en charge sans faille ; des magasins de puériculture à gogo, des rayons Bébé bien fournis en divers gadgets dans les magasins, pléthore de sites internet de vente d’accessoires pour enfants; des émissions télé et des magazines dédiés à la maternité… Je m’en suis shootée pour ma première grossesse, afin d’être la meilleure maman possible pour cet enfant !

Et puis, et puis… Bébé arrive. J’avais tout. Tout le matériel, tout bien appris ce que disent les « spécialistes », tout bien respecté les consignes de ma gynécologue ; tout bien écouté ce que m’ont dit les sage-femmes le jour de mon accouchement. J’ai bien bloqué, bien poussé fort, même si je ne sentais rien, car : j’ai bien écouté l’équipe quand ils m’ont dit que « c’est le moment de poser la péridurale ». J’ai bien accepté que le gynéco m’entaille les parties génitales, même si personne n’était en danger, ni mon enfant ni moi. Je n’ai même pas réfléchi quand le cordon de ma princesse a été coupé net après quelques secondes qu’elle ait été posée sur mon ventre, puis emmenée dans la pièce d’à côté, aspirée, « antibiotisée », pesée, mesurée, habillée, aseptisée… Le placenta ? Je ne me souviens même pas l’avoir mis au monde. Ah si, une sage-femme inconnue au bataillon m’a grimpé dessus, et à coups de coudes m’a « aidée » à le sortir.

J’ai accepté les dizaines de visites à la chaîne dans la trop petite chambre d’hôpital. J’ai encaissé les réflexions de l’autre maman dans la chambre, qui râlait parce que mon bébé pleurait trop et l’empêchait de dormir la nuit : elle sait mieux que moi, c’est son troisième. Donc mon bébé est allé à la nurserie. J’ai écouté sagement, quand on m’a dit qu’il fallait poser bébé dans son bocal en plastique transparent berceau. Le nourrir toutes les 3 heures. Le laver chaque jour. Le savonner avant de le baigner. Et « Non, votre bras, pas comme ça ! »

Oui, parce que c’était pour mon bien et celui de mon bébé.

Mais une fois arrivée chez moi, seule ou presque avec ce bébé, les gens qui venaient « visiter » le nouveau-né, l’allaitement qui ne se passait pas comme j’avais imaginé, l’hôpital qui ne répond pas, voire qui me refoule au bout du fil. Les conseils contradictoires et injonctifs « tu devrais », « il faudrait », « c’est mieux de »… 

Des larmes. Incontrôlées. De l’impuissance, beaucoup de culpabilité. De la solitude extrême, dans ce corps qui me fait mal, et responsable de cet être que je ne comprends pas vraiment, qui dépend absolument de moi. Une maison à nettoyer. Des repas à préparer.

On m’avait pas dit. On m’avait pas dit !

Je me dis que ça vient de moi. Je fais bonne figure, les autres y arrivent bien. Et puis heureusement, ma fille y met du sien et ça finit par passer. Mais je me suis « débrouillée » seule parmi mon entourage pourtant présent.

Combien de mères, combien de couples vivent cela ? Sur le papier, tout s’est bien passé, de quoi se plaint-on ?

Il m’aura fallu bien du temps, de la réflexion, de l’expérience et du recul pour comprendre le malaise ! Je vous propose ici de gagner un peu de temps. Les esprits s’éveillent, j’ai bon espoir que les choses changent et que de moins en moins de jeunes parents courent tout droit vers la dépression post-partum ou le burn out par manque de ressources, se laissant embarquer par les insidieux diktats de notre monde actuel !

DES EXAMENS; des protocoles, des interventions admis comme indispensables

PParce qu’ils sont remboursés par la Sécurité Sociale, admis dans un parcours de soins légitime, et parce qu’ils ont été créés pour diagnostiquer des maladies, des malformations et ainsi sauver des vies ; le processus de la grossesse et de l’accouchement pullule d’interventions à la fois inutiles et plus dangereuses que salvatrices dans la plupart des cas.

Echographie, tri test, amniocentèse, test de O’Sullivan (75 ml de glucose à ingérer en laboratoire avant une prise de glycémie), dépistage du Streptocoque B, version (si bébé n’a pas la tête en bas en fin de grossesse)… Qui parmi vous savaient que TOUS ces examens sont facultatifs et nécessitent votre consentement ?

Jusqu’à ma troisième grossesse, je l’ignorais. Je pensais que ça faisait partie des protocoles obligatoires et qu’ils allaient me garantir un bébé parfait. 

L’innocuité totale des ultrasons utilisés lors d’une échographie n’a jamais été démontrée, surtout avec l’usage de la 3D – 4D. Combien de praticiens utilisent l’échographe chaque mois, afin de vérifier l’état du col de la mère et le rythme cardiaque du bébé? Combien de mères attendent ce « spectacle » ? 

L’amniocentèse tue plusieurs centaines de fœtus sains chaque année en France. L’examen est-il vraiment indispensable, au vu des risques encourus, dès lors où le couple se dit prêt à accueillir un enfant porteur de handicap ?

Il existe de nombreux faux positifs au diabète lors de la grossesse, les résultats étant référencés à une personne « normale », hors grossesse. Quelles conséquences physiques et psychiques d’une privation drastique de glucides pendant plusieurs mois?

Savez-vous qu’il existe de nombreux moyens pour inviter le bébé à se retourner dans le ventre de sa maman, avant d’en venir à le forcer, et infliger une douleur à la future mère ? A commencer par essayer de comprendre ce qui retient ce bébé de plonger vers sa naissance, lui parler, lui exprimer ce qui se joue…

Je peux continuer l’état des lieux, non exhaustif, avec le sur-interventionnisme tout à fait admis lors d’une naissance : 

Décollement des membranes sans nécessité médicale
Injection d’ocytocine de synthèse, pour stimuler artificiellement le travail de l’utérus
Interdiction de boire et de manger, « au cas où »
Péridurale proposée au moindre signe de douleur de la maman, quand bien même elle aurait exprimé son souhait de ne pas y avoir recours
Monitoring en continu
Césariennes de confort (avancées comme « indispensables »)

Position allongée à l’encontre du bon sens de la physiologie
Poussées dirigées inefficaces
Episiotomie systématique
« Point du mari » (j’ai des frissons rien que de le taper sur mon clavier)
Expression abdominale
Délivrance dirigée

Clampage immédiat du cordon
Administration de collyre antibiotique au bébé
Désobstruction des voies respiratoires
Habillage, pesée, mesure

Parmi ces interventions, certaines sont SUPER quand elles sont nécessaires en cas de danger ! Et dans ces situations nous pouvons être fiers des avancées scientifiques de notre époque ! Navrée de vous annoncer que dans bien des cas, elles relèvent de l’habitude, de la peur des imprévus… Allant à l’encontre des recommandations de l’OMS. Au lieu de faire confiance à la mère, au père et à leur enfant, on les infantilise, les systématise, les insère dans un moule universel. Or une naissance est un événement unique, où la monoculture n’a pas sa place, où la famille a besoin d’être admise dans son individualité.

D’autres dans cette liste, sont clairement des actes de violence, des mutilations, dans le total irrespect de la personne et de la loi. A la fois induites comme des actes médicaux normaux (merci à l’image de la blouse blanche et des Super Pouvoirs qu’elle octroie !) et ressenties comme un viol de la part des mères, j’en rencontre parfois, des femmes comme détruites, coupées d’elles-mêmes, victimes de crises de larmes, de mal-être, de peurs nouvelles, remplies d’un sentiment d’échec. Ne comprenant pas pourquoi, ne trouvant pas la force de surmonter leur trauma. Parce que personne n’a posé les mots, elles se sentent seules et coupables.

On est en droit de s’interroger sur les conséquences, sur le lien dans le couple, le lien d’attachement entre l’enfant et ses parents, les suites à long terme. 

En médecine traditionnelle chinoise, on parle d’un effet papillon sur 9 générations…

Vers un lieu de mise au monde unique pour toutes

En insufflant aux femmes et aux couples que le processus d’accouchement est un acte risqué, ils admettent que se diriger vers une maternité de niveau 3 est ce qu’il y a de mieux. Avec ce fameux « au cas où » qui ressort à toutes les sauces. Quand on pense à nos grand-mères qui ont accouché chez elles et mis au monde des bébés morts-nés, pourquoi vouloir se passer de cette médicalisation ? Une volonté qui apparaît comme rétrograde et inconsciente.

Et donc tout concorde : les petites maternités ferment à tour de rôle depuis quelques décennies, on centralise la naissance, le personnel. Nos bébés arrivent dans des naissoirs, baignés dans la douce atmosphère des salles d’hôpital (bruit, lumière agressive, odeur de produits, froid, inconnus…) Les quelques sage-femmes qui pratiquent encore l’accompagnement de l’accouchement à domicile sont chassées comme des sorcières, par leur propre ordre ! Les vraies maisons de naissance sont balbutiantes.

Alors, quelques « pôles physiologiques », ou « salles nature », vivotent dans certains hôpitaux ; aux « patientes » de se renseigner sur l’usage et les protocoles de ce pôle (d’ailleurs, une femme qui accouche se doit-elle d’être « patiente » ?) Quel taux d’occupation ? Quel équipement ? Quel accompagnement ? Quelles possibilités de libre mouvement ? Disons-le, bien souvent, il s’agit de belles décos, qui redorent l’image d’un naissoir mais où le personnel n’est tout simplement pas formé à l’accompagnement d’une naissance physiologique.

Entre une salle de naissance classique, et un pièce joliment décorée intégrée à une structure exclusivement médicale, c’est nous donner le choix entre 2 sauces, pas entre 2 plats. 

Je m’interroge à nouveau sur les conséquences de cette monoculture à la française, en termes de coût, de saturation des services, de disponibilité et d’adaptabilité du personnel, de violences, d’impact physique, psychique et émotionnel sur les familles…

Comment peut-on demander à une sage-femme spécialisée en réanimation néonatale, de bien accompagner un couple voulant accoucher dans l’eau, sans aide ? Pourquoi les gynécologues obstétriciens, spécialisée dans la prise en charge des pathologies de la grossesse et du cycle de la femme, assurent le suivi des grossesses sans risque ? Pourquoi ne laissons-nous pas les personnes compétentes en cas de complications, s’occuper de ceux qui en ont Besoin ? Pourquoi fermons-nous les yeux sur les très bons chiffres en terme de santé des mères et des bébés qui naissent chez eux avec un accompagnement adapté, alors qu’au niveau national nous sommes les mauvais élèves européens en terme de morbidité et de mortalité fœto-maternelle ?

Certes, la mortalité était élevée à l’époque lors des accouchements. Mais pour la plupart, elles n’étaient pas tant liées à un manque de médicalisation, qu’à un défaut d’hygiène : insalubrité, travail forcé (et donc affaiblissement des organismes et malformations du bassin), méconnaissances, mésestime de la femme et de l’enfant… 

Si les avancées scientifiques ont permis de sauver des vies, leur usage à outrance en condamne. C’est d’abord à la découverte de l’asepsie que l’on doit une considérable baisse de la mortalité en couches.

A l’heure actuelle, grâce aux connaissances que nous avons, aux moyens modernes de communication et de transport, n’est-il pas temps de redonner confiance aux couples qui souhaitent donner naissance en toute intimité, pour le bien de tous ?

QUAND LE MARKETING ET LES Médias dictent notre comportement de « bon parent »

Si nous acceptons aussi facilement d’être intégrées dans des protocoles incongrus (oh la belle blouse d’hôpital <3) lors d’un événement NORMAL, c’est aussi grâce (haha) aux (dés)informations dont on nous assomme partout, tout le temps. Vraiment, moi aussi j’ai cru qu’en regardant les émissions à la télé dédiées aux femmes enceintes, j’allais comprendre comment ça marche. Ils allaient me montrer comment ça se passe un accouchement, comment se positionner, comment ne pas avoir mal, qu’est-ce qu’un bon accouchement, et surtout, quoi acheter. Ils m’ont montré ce qui est indispensable – pour avoir une belle grossesse, un accouchement impeccable, une belle peau, un bébé qui ne manque de rien…- , les derniers accessoires à la mode.

Je pensais que pour être une vraie bonne maman, j’avais besoin d’une huile anti-vergetures à 30 €, de jolis vêtements de grossesse neufs, des cosmétiques pour bébé bourrés de substances douteuses, et de toutes sortes : gel douche, crème corps, crème visage, lait de toilette, eau de rinçage, soin pour les yeux, le nez, le cordon, les fesses… , un cosy, un landau, une nacelle, une poussette, 8543 bodys taille 3 mois, autant de pyjamas, des biberons « au cas où » même si j’allaitais… bon je m’arrête là. 

Il faut dire que les pubs donnent envie, et même qu’elles nous laissent l’impression que tout ça est absolument nécessaire pour le bien-être de notre bébé. Et ça, le bien-être de notre enfant, c’est ce qui compte le plus ! Les entreprises l’ont bien compris, et ont missionné leur service com’ pour des réclames aux p’tits oignons ! Couleurs cocooning, interviews de « spécialistes », tout y est. Je me demandais même comment c’était possible que les magazines pour jeunes parents soient aussi peu chers, je comprends bien maintenant.

Les marques se glissent partout où le parent se promène : en échantillons à la pharmacie ; dans la fameuse « Boîte Rose » à la maternité (oh qu’ils sont sympas de prendre soin des jeunes parents jusque dans la chambre d’un service public…) dans les salles d’attente… Là où ça m’inquiète d’autant plus, c’est quand même les professionnels s’y mettent et promeuvent le lait artificiel à la place du lait maternel / le doppler fœtal à domicile sans aucune indication médicale / des outils pour « rééduquer » ou préparer le périnée à la naissance (dont un consiste à dilater le vagin de 10 cm, comme ça à froid … Brrrr) / des outils de portage non physiologiques / des cale-bébé dangereux pour leur motricité / des veilleuses – caméra – antimoustique – bluetooth – 4G – grille-pain (un peu d’humour, quoique). 

En somme, le jeune parent est pris par les sentiments, et comme il bénéficie de peu de soutien, il se rabat sur ces « signes d’attention » qui n’en sont pas ! Trouvez-vous normal que dès le lendemain de la naissance de notre bébé, c’est un photographe qui nous impose (oui oui !) des clichés de notre adorable bébé, et qui débarque à la maison 10 jours après pour nous les re-montrer, en nous les vendant pour la modique somme de 360 € les 5 clichés ? Je suis de mauvaise foi, le porte-clés est offert. Il parvient même à nous faire accepter de recevoir les offres de ses partenaires commerciaux en cochant des cases à notre place et ainsi touche une commission. Par contre, ce baby-blues, on se le traîne toujours et bizarrement, personne ne toque à la porte pour prendre le temps de parler. (Oui oui je suis indignée, et j’espère de tout cœur que ce fameux photographe qui avait le projet de se pointer dans ma chambre à quelques heures de mon accouchement -qui est imminent- lira ces lignes avant et fera demi-tour de lui-même !) Vraiment, on marche sur la tête. Tout est bon pour s’enrichir, au détriment de la santé physique et psychique des familles.

l’espoir d’un nouveau schéma

Comme toute société déséquilibrée à l’excès, nous commençons à voir naître un nouveau paradigme, une nouvelle ère de pensées et de pratiques. Cette évolution actuelle est sans précédent et concerne l’ensemble du système occidental : après avoir atteint les sommets en terme de possibilités scientifiques, technologiques, nous ne pouvons plus fermer les yeux quant à l’impact des « progrès » et du modèle capitaliste et patriarcal car ces schémas remettent en question l’avenir même de la planète et de ses habitants. Quand l’argent et le pouvoir deviennent une fin en soi, couplée aux possibilités techniques actuelles qui dépassent totalement l’individu, s’en suit une nécessaire transformation. Mode de consommation raisonné, réflexion sur les besoins, les priorités, le sens de l’existence, quête d’humanité !

En terme de périnatalité, on voit émerger les voix à travers les récits de violences obstétricales, les assignations en justice lèvent peu à peu le voile de mutisme. 

La dénonciation des violences éducatives ordinaires, la prise de conscience de leur impact sur la vie entière et les générations suivantes.

Les offres de bien-être pour les futurs et jeunes parents : ateliers, cafés associatifs, massage, yoga, cercles de paroles, sophrologie, accompagnement humain et global autour de l’expérience du Devenir parent, portage physiologique, méditation, ostéopathie, réflexologie, acupuncture, thérapies pour dissoudre les mémoires familiales traumatiques.

De plus en plus, le couple, la jeune mère, ont accès à une information juste, pour parvenir à faire des choix éclairés. Mais cela demande tout de même de creuser au-delà des apparences. Nous n’en sommes qu’à un stade embryonnaire.

 

Voilà, au fond, pourquoi j’ai décidé d’accompagner les futurs et les jeunes parents, ainsi que leurs bébés. Ici et maintenant, bien plus qu’un métier, une mission de vie. 

Œuvrer pour le bien-être de l’enfant dès sa vie gestationnelle, ses premiers moments sur Terre, soigner son accueil et favoriser un début de vie optimal, dans le but de lui permettre un destin accompli et heureux.

Être réellement à l’écoute de ses parents, leur rendre leur pouvoir, leur apporter des informations complètes et claires, prendre soin d’eux. Ramener de la beauté dans l’expérience unique de la maternité. Les honorer.

Il n’y a pas de « bonne façon » d’être parent. Sauf celle qui est juste pour soi.

Sources : Le vortex de la naissance entre science et sacré, formation avec Karine la Sage-femme

Les 10 plus gros mensonges sur l’accouchement, Blandine Poitel

L’épopée des bébés, de l’Antiquité à nos jours, Béatrice Fontanel et Claire d’Harcourt